Réactions de l’Association LEHRER Denkfabrik suite aux propos de la Rectrice, parus dans L’Enseignant du Bas-Rhin.

 

 

 

Réactions de l’Association LEHRER Denkfabrik suite aux propos de la Rectrice Sophie BEJEAN  transcris dans L’Enseignant du Bas-Rhin– Bulletin syndical du SE-UNSA n° 80, juin 2017, page 3.  ( LIRE ICI)

L’Association LEHRER Denkfabrik, association professionnelle d’enseignants, active dans l’enseignement bilingue dans les académies de Strasbourg et Nancy-Metz depuis 1993, souhaite réagir aux propos tenus, en page 3 du bulletin n°80 de juin 2017 de L’Enseignant – SE-UNSA, par Madame Sophie BEJEAN, Rectrice de l’académie de Strasbourg. L’association souhaite ainsi préciser trois points qui lui paraissent imprécis, voire discutables.

La langue enseignée dans les disciplines enseignées en langue (DEL)

Dans le bulletin syndical cité en référence, le propos rapporté de la rectrice soutient que « le langage mathématique n’apporte pas de plus-value à la pratique linguistique de langage de communication en allemand ».

L’Association LEHRER Denkfabrik entend cette position depuis de nombreuses années, mais ne peut y adhérer. C’est une position véhiculée par des spécialistes disciplinaires de l’enseignement secondaire, qui n’ont pas une vue globale de l’enseignement en général ou plus précisément de l’acquisition d’une langue seconde. En effet, les EPI n’en étant qu’à leurs débuts et qui plus est voués à devenir optionnels dès cette rentrée scolaire, les interactions transdisciplinaires ne sont pas encore devenues la norme et, pour la plupart, les enseignants réfléchissent et travaillent dans leur discipline de spécialité, sans lancer de ponts nécessaires vers les autres disciplines.

Mais le langage mathématique – par exemple – est bel et bien universel ; il échappe ainsi à cette catégorisation disciplinaire. D’une part il se décline dans toutes les langues et d’autre part il peut être réinvesti dans d’autres DEL ainsi qu’en cours d’allemand même. Par leur aspect répétitif et itératif, les mathématiques se prêtent bien à être enseignées en allemand. Elles impliquent très tôt dans l’esprit d’une mathématique active le recours à des essais, des tâtonnements, à une recherche et donc à une présentation orale de cette recherche. Il existe différentes procédures pour effectuer un calcul mental ou pour comparer des formes géométriques pour ne citer que ces seuls exemples. L’élève va donc être amené à présenter ses essais, à les justifier et sans qu’il ne s’en aperçoive à utiliser, outre la description, des formes plus abstraites de langage comme l’argumentation et l’hypothèse. Une telle démarche est applicable à d’autres disciplines, lors de la présentation d’une recherche de groupes et de la discussion des propositions.

Le niveau de langue en allemand

Par ailleurs, la Rectrice constate que dans les « résultats des évaluations académiques de fin de CM2 en allemand, l’expression orale est en baisse ».

Ne faudrait-il pas retourner cette proposition ? En effet, les élèves qui bénéficient d’un enseignement en langue seconde dispensée par un enseignant fortement germanophone ou dialectophone ont un niveau de langue tout à fait honorable et conforme aux attentes du rectorat en fin de CM2, à savoir A2 pour l’expression et B1 pour la compréhension.

C’est bien plutôt le niveau de langue des enseignants qui tire les résultats des élèves bilingues vers le bas, ce constat étant encore accru en filière d’allemand renforcé. Bien entendu, ce ne sont pas les enseignants qu’il faut montrer du doigt, c’est toute une filière de formation qui est à repenser : immersion linguistique dans la langue seconde des étudiants/stagiaires et recrutement des futurs enseignants dès le début du cursus universitaire seraient par exemple les premiers leviers qu’il faudrait actionner. Les idées pour améliorer une filière qui a montré ses limites ne manquent pas, mais il faut une réelle volonté politique et une action de politique linguistique sur le terrain pour les concrétiser.

Nouvelle répartition horaire pour l’enseignement bilingue

Enfin, l’Association LEHRER Denkfabrik souhaite réagir à la proposition de nouvelle répartition horaire dans l’enseignement bilingue. Cette dernière, purement arithmétique, ne tient compte ni des spécificités liées à chacune des deux langues présentes dans le temps scolaire des élèves de la filière bilingue, ni des réalités de l’apprentissage.

L’un des préceptes et prérequis de la didactique de l’enseignement bilingue est celui de l’égalité des deux langues aux yeux des apprenants. Si cette égalité semble renforcée par la répartition égalitaire des DEL proposée par l’académie de Strasbourg, elle est par là-même fragilisée par la répartition égalitaire des cours de langues française et allemande proprement dits.

Même si « un groupe de travail est prévu pour travailler l’entrée dans la lecture », si « des groupes de travail paritaires » sont mis en place dans les circonscriptions, et si des « espaces de mutualisation » ont vu le jour dans l’académie, il est indispensable que la MAERI mutualise les résultats de ces différents axes de travail en leur donnant corps de manière officielle sous la forme d’une publication académique.

Mais l’association sait pouvoir compter sur la volonté de l’académie de développer de manière pérenne la filière bilingue et donc de n’imposer cette nouvelle répartition qu’à partir du moment où les conditions de réussite seront également remplies.

Association LEHRER Denkfabrik
21 Rue Jacob Mayer F-67200 STRASBOURG
Association.LEHRER.Denkfabrik@gmx.de
association.lehrer.blogspot.fr – facebook.com/Association.Lehrer.Denkfabrik